
Un repas, un sourire : l’association Magdalena réchauffe les démunis
Boulogne. Chaque mercredi soir, les bénévoles de cette association chrétienne servent un repas chaud à une centaine de personnes dans le besoin venues de toute la région.
Jérôme Bernatas | 6 août 2014

Boulogne-Billancourt, le 30 juillet. Dans la cantine située sous l’église Sainte-Cécile, une quinzaine de bénévoles s’activent pour les Mercredis du cœur. Les denrées sont fournies par les banques alimentaires, mais aussi par des commerçants boulonnais généreux.
Daniel arrive toujours le premier. Chaque mercredi vers 15 heures, le retraité venant de Rocquencourt (Yvelines) investit la cuisine située sous l’église Sainte-Cécile de Boulogne-Billancourt. Puis les autres bénévoles de l’association Magdalena le rejoignent pour préparer le dîner des Mercredis du cœur.
Béatrice endosse avec bonne humeur son rôle de chef d’équipe. « Nous nous retrouvons en général à une quinzaine, calcule-t-elle. Chacun vient quand il peut. » L’organisation demeure souple, mais suffisamment rigoureuse, car, à partir de 19 h 30, plus de cent convives descendent les marches menant à la salle Saint-Jean dans laquelle se déroulent les agapes. Tutoiement et bise de rigueur, Alicia, une fidèle de la paroisse Sainte-Cécile, découvre rapidement la simplicité qui caractérise les Mercredis du cœur.
Cette initiative du père Jean-Philippe Chauveau, l’un des frères de la communauté Saint-Jean qui animent la paroisse Sainte-Cécile, offre depuis une dizaine d’années davantage qu’un repas aux nécessiteux. « Il s’agit d’un moment de partage avec ceux qui vivent dans la rue, explique Béatrice. Nous mangeons avec eux et ils repartent tous avec un sac plein de bonnes choses. » Ce 30 juillet, Daniel, le chef, a cuisiné un engageant gratin de pâtes et diverses viandes et volailles. Dominique, qui habite Garches, assaisonne salades et crudités. « Qu’il s’agisse des invités ou de nous, nous avons connu les Mercredis du cœur grâce au bouche-à-oreille », sourit-elle tablier noué autour du cou. Parmi la quinzaine de personnes qui s’affairent autour de la table recouverte d’une toile cirée blanc et vert, on croise plusieurs jeunes. « Pas mal d’entre eux se trouvent en ce moment en vacances, rappelle Béatrice. Ils viennent plus nombreux en général. »
Les denrées fournies par les banques alimentaires et la générosité de commerçants boulonnais rendent possible le service de mets appétissants chaque mercredi. Les tablées de six se remplissent vite à n’importe quelle saison. Au-delà de la qualité de l’assiette, les gens retournent à Sainte-Cécile aussi et surtout pour la chaleur et la bienveillance qui y règnent. Les exclus se déplacent d’un peu partout. « De loin, mais je ne vous dirai pas d’où », lâche pudiquement une dame derrière ses lunettes fumées. « Moi, je viens du XII e, indique Jessy. Je vis dans un foyer. »
Cet habitué de 34 ans met lui aussi la main à la pâte en allant chercher le pain chez un boulanger du quartier. L’assemblée, qui compte de plus en plus de familles avec des enfants en bas âge parmi les hommes et femmes seuls, se voit incitée à participer en débarrassant la table. Un moment de prière proposé par le père Marie-Christophe ponctue la fin de la soirée. Chacun s’en va vers son logement de fortune ou dans la rue. Beaucoup reviendront. Pour la nourriture, les discussions et les sourires.

La précarité ne prend pas de vacances...
L’été dernier, l’association Magdalena avait reçu plus de 140 personnes à dîner tous les mercredis du mois d’août. Et cette année ?

« C’est parce qu’on m’a fermé, enfant, les portes de la vie que j’ai une telle envie d’ouvrir celles du cœur d’autrui pour y faire pénétrer la tendresse de Dieu, explique le père Jean-Philippe Chauveau, fondateur de l’Association Magdalena. Il faut ouvrir les cœurs clos verrouillés par la haine, la misère, l’injustice, le péché aussi, et qui ne peuvent plus ni ne veulent plus s’ouvrir à la lumière à force d’avoir trop souffert ».
Cet été, comme l’an dernier, les bénévoles se mobilisent pour se mettre au service des oubliés du mois d’août. Afin d’être présent au cœur de toutes les pauvretés, l’Association œuvre sur trois fronts : Les Mercredis du Cœur, Les Nuits du Cœur, Les Tournées du Cœur.
Les mercredis du cœur : une équipe de bénévoles prépare tous les mercredis soirs un repas chaud pour plus de 100 personnes qui se trouvent isolées, soit parce qu’elles vivent dans la rue, soit parce qu’elles cherchent un peu de chaleur et d’amitié. Il s’agit d’un moment de rencontres, d’écoute, de partage, et de prière.
L’été dernier, l’association avait reçu plus de 140 personnes à dîner tous les mercredis du mois d’août.
Durant les nuits du cœur, par petits groupes de deux ou trois, les bénévoles vont dans les rues, à Boulogne-Billancourt et dans le métro, à la rencontre des plus démunis. Ils offrent une boisson chaude ou un plat chaud mais surtout les écoutent et partagent leur amitié. Au mois d’août, une équipe de bénévoles se relaiera un vendredi sur deux.
Avec les tournées du cœur, chaque jour de la semaine, une équipe de bénévoles installe un camping-car dans le bois de Boulogne, pour rencontrer et accueillir ceux et celles qui vivent une situation de prostitution. Au mois d’août, une tournée sera assurée tous les mercredis de 22h30 à 1h00, et tous les lundis après-midi.
« Elle m’a regardée comme une personne » : l’Association Magdalena
En 1998, le père Jean-Philippe et des amis laïcs créent l’Association Magdalena. L’association, dont le siège social est à Boulogne-Billancourt, à la paroisse Sainte-Cécile, a pour mission d’aller à la rencontre et d’accueillir tous ceux qui vivent dans la rue ou de la rue.
L’objectif est d’aider ces personnes à se reconstruire en reprenant confiance en elles. En 2014, l’Association Magdalena compte plus de 250 bénévoles.
Plus d’informations : www.magdalena92.com
Dans les pas de l’Association Magdalena : Rencontres sur le trottoir.
Compassion. L’association Magdalena offre un accueil fraternel aux gens de la rue et part à la rencontre des personnes prostituées lors des tournées nocturnes au bois de Boulogne. Elle a été fondée par le père Jean-Philippe, ancien délinquant.

Magdalena soutient le magazine Debout. Retrouvez Violaine du Chatelier, fondatrice de Debout, venue présenter son magazine aux mercredis du coeur, vendredi 19 septembre à 11h20 et dimanche à 7h50 dans l’émission "Tous Acteurs du Changement" sur LCI ! Tous à vos postes !